Préparer une stratégie d’e-réputation repose sur un certain nombre d’interrogations, dont certaines ont été présentées ici, et que l’on peut synthétiser de la manière suivante :
==> Quel type d’image souhaite-t-on travailler ou gérer ?
Est-ce l’image que l’on souhaite avoir, celle que l’on ne veut pas, ou encore celle déjà perçue/façonnée par les internautes ?
==> Quels objectifs souhaite-t-on atteindre par cette stratégie de gestion de la réputation en ligne ?
En s’appuyant par exemple sur le traditionnel QQOQCCP, et surtout en décidant de se positionner en fonction de ce que l’on souhaite dire et faire paraitre de l’entreprise. Avec cet aspect important : définir son public visé.
Ces questions se posent d’ailleurs ensuite pour une stratégie de veille.
Mais au-delà de ce que l’entreprise veut, et l’atteinte des objectifs qu’elle peut ensuite mesurer (ainsi que le décalage entre l’image voulue et l’image perçue/restituée), il parait nécessaire pour définir des indicateurs de mesure de son e-réputation de prendre en compte son environnement.
Que ces indicateurs soient quantitatifs ou qualitatifs, ils ne peuvent se construire sans positionner l’organisation dans son environnement, à savoir : les autres organisations du secteur et les usages/pratiques des publics ciblés.
Bref, pour mesurer il faut un étalon de mesure comparatif, et la définition de celui-ci passe par l’observation de ce qui se passe déjà sur le web. Il s’agit d’ailleurs plus de prendre des points de repères que d’établir des indicateurs précis et immuables.
Voici donc quelques courtes questions pour vous permettre de réfléchir à cette échelle de mesure en appréhendant l’environnement numérique dans lequel l’organisation et la stratégie d’e-réputation qui l’accompagne vont se développer.
==> Y a-t-il réellement un public pour mon organisation ?
Première question essentielle pour définir des indicateurs de mesure en fonction de son environnement web. A la base : y-a-t-il vraiment une activité intéressante (aspect quantitatif) et pertinente (aspect qualitatif) autour des thématiques que je souhaite aborder ?
Et autour de mon entreprise ou d’entreprises concurrentes ?
Peut-on déterminer un cœur de cible qui interagira avec l’organisation, qui commentera ses actions, participera à sa notoriété, etc., ou ne risque-t-on pas de n’avoir que des réactions d’internautes non-consommateurs ?
Dans tous les cas, identifier son public et sa capacité à interagir est nécessaire pour produire des indicateurs pertinents, à savoir non-surdimensionnés (comme c’est souvent le cas) ou totalement irréalistes au vu de la présence effective du public.
==> Quel est le niveau de consommation de l’information du public ciblé ?
Autrement dit, si la stratégie repose sur la diffusion d’informations concernant mon entreprise, n’y a-t-il pas un risque de saturation de la part de mon public cible ?
Ou, ce public est-il un grand consommateur d’informations ?
Ou au contraire ne cherche-t-il pas que des informations à forte valeur ajoutée ?
Cette question permettra d’établir notamment des indicateurs quantitatifs en termes d’audience ou de diffusion des informations. Car rien ne sert du surproduire et sur-diffuser des contenus si ceux-ci ne sont pas lus…
t surtout, une observation fine de la consommation d’informations du public visé (audience d’un site proposant du contenu similaire, volume d’abonnés à un flux RSS,etc. ) permettra de définir leur niveau d’attention potentiel. Amenant alors à définir le niveau de synthétisation des messages et contenus, ou encore les formes (vidéos, images, texte, etc.) les plus adéquates.
==> Quel volume d’interactions déjà existant ? A savoir, et là dans un objectif purement quantitatif, si le public visé est un public qui interagit : tweet, commentaires, notes, like, etc.
Car si tout d’abord, la stratégie repose sur une forte interaction du public alors que celui-ci n’a pas pour habitude de participer, la stratégie tombera vite à l’eau… Rappelons que seule une petite partie des internautes interagit, la grande majorité se contentant d’être passive.
Ensuite, si l’on décide que la réaction du public doit être le signe d’une gestion réussie de l’e-réputation, alors autant dès le départ se donner des points de repères et objectifs réalistes.
==> Quelle typologie d’interactions ? C’est-à-dire, plus pragmatiquement : mon public poste-t-il des commentaires ou simplement des notes ? Des re-tweets ou des likes ? Etc.
Bref, définir des indicateurs nécessaires à la mesure de son e-réputation nécessite de prendre des points de repères reposant sur l’usage que les internautes font de l’information qu’on leur transmet.
Et ce afin de mesurer si les messages qu’on leur diffuse entraine ou non cette typologie d’interaction.
Dire : « nous estimons qu’avec 500 Tweets, l’opération sera réussie »… Ou « afin de gérer cette crise nous allons demander aux clients leur avis sur Twitter » alors qu’ils n’y sont pas ou qu’ils l’utilisent peu (ou différemment des attentes) ne sert à rien. Hormis fournir une échelle de mesure biaisée car non réaliste.
==> A quel(s) discours le public visé est-il exposé chaque jour ?
Si le web n’est pas la seule source d’information pour votre public, ce qu’il y capte chaque jour est partie prenante de la vision d’un phénomène (évènement, entreprise, etc.) qu’il développe.
Veiller sur ce que l’on dit sur l’entreprise est donc essentiel, mais intégrer les discours produits sur des thématiques ou entreprises similaires est nécessaire pour établir des indicateurs qualitatifs.
Si, par exemple, vous identifiez sur Twitter que la communauté que vous ciblez est exposée toute la journée à des informations diffusées sur ce réseau allant à l’encontre de votre propre discours, il faudra alors considérer que la réputation de votre entreprise risque d’être dégradée.
Ou plutôt, que votre discours devra intégrer ces informations. Et que, au final, vos indicateurs devront tenir compte de la possible référence implicite à ces informations lorsque les internautes s’exprimeront sur votre message.
==> Quel volume d’activités pour la thématique abordée ?
Ou : ce que font les concurrents est-il générateur d’activité ?
Voire : les sujets liés à mon entreprise sont-ils vraiment attractifs pour les internautes ?
Car vouloir aborder le sujet de la migration des loutres de Laponie (dans le cadre d’une organisation dont l’élevage de loutres est la spécialité) est légitime.
Mais si vous observez que deux élevages concurrents abordant les mêmes sujets génèrent peu d’interactions, n’ont pas de réaction de leur public ou autre, il faudra redéfinir clairement vos objectifs et indicateurs. Indicateurs quantitatifs aussi bien que qualitatifs.
De manière générale, au-delà des concurrents, si sur le web une thématique n’a pas encore de pourvoyeurs ou de pourfendeurs, c’est que soit elle mérite d’être connue… Soit il ne faut pas s’attendre à des audiences folles.
==> Quelle place reste-t-il pour mon activité ? Toujours en observant la « concurrence » il parait nécessaire de déterminer la place que celle-ci occupe dans le paysage web de votre public visé.
En effet, l’objectif d’une marque (ou même d’un média) est de rendre son public captif. Au risque donc de laisser peu de place pour les nouveaux arrivants. Définir par exemple les « parts de voix » de son entreprise sur le web est un indicateur quantitatif intéressant. A condition de considérer réalistement la place occupée par les autres acteurs du marché. Et donc d’établir des critères de mesure prenant en compte tout d’abord la marge de manœuvre restante, et d’autres plus prospectifs sur celle potentiellement gagnable.
Au final…
Voilà pour ces rapides interrogations, que je développerai dans un prochain billet de manière plus précise (avec pourquoi pas une grille plus formelle). Cependant, ce billet vise principalement à rappeler qu’à chaque organisation sa (e)réputation, et que celle-ci se mesure à l’aune de perceptions déjà existantes.
En effet, si la réputation est une forme d’évaluation, il parait nécessaire de connaitre le barème sur lequel les internautes se basent pour définir ses propres indicateurs.
Et celui-ci est fortement dépendant de leurs usages, de ce que font les autres organisations similaires à la vôtre, ou encore des informations auxquelles ils sont exposés chaque jour.
Vouloir développer des indicateurs reposant uniquement sur ses propres objectifs, c’est oublier que la communication est fortement dépendante de son contexte…et des autres.
Et vous, comment prenez-vous en compte l’environnement pour mesurer votre e-réputation ? Quels autres questionnements voyez-vous ?!
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